Jean Daniel Bécache

Les soucoupes soniques

La thématique qui m’anime ici est celle des dialogues urbains fantasmés. La ville offre une multitude de plans, de sphères qui se chevauchent, se démasquent, s’appellent, sonores notamment. De multiples monologues que chacun d’entre nous reçoit, réorganise en soi, à son insu ou sciemment.

La benne à ordure chante l’amour, l’arrosoir est une mitraillette, on entend le passant penser « bonjour, je voudrais un divorce et une demi baguette svp », le ramassage du verre est une éruption volcanique qui noie la ville sous un flot d’écrevisses sifflant des formules de politesses : Veuillez agréer l'expression de mes sentiments distingués.

La Ville est notre nature.

La Ville fabrique de l’homme.

Cette thématique de la symphonie intérieure m’a toujours intéressé, que ce soit associé à l’image ou non ; et je l’ai traité par le passé de manière plus baroque et musicale, parfois paysagiste. Le choix de l’installation, c’est celui de donner à entendre un autre espace dans l’espace de la galerie. Le son comme sculpture à géométrie variable, les yeux étant libres de se poser, ou non, sur eux même.



NOS VOIX

Le projet que je propose ici est plus spécialement orienté vers les voix, dans une démarche assez brute : souffles présents, mixage approximatif, etc…

L’installation est des plus simples : quelques objets diffusant chacun une bande son en boucle ; parmi ces objets, trois miroirs.

Il s’agit d’un artisanat vocal au miroir. Lorsque nous nous maquillons le matin, nous rasons, furtivement nous mirons dans l’ascenseur, happés par notre image, des voix remontent à notre conscience. Inorganisées, écumantes. L’attention portée aux yeux par le mental dégage l’oreille intérieure. C’est cet affleurement que je donne ici à entendre, dans une facture artisanale qui dit la simplicité première dans laquelle nous trouve toujours toute voix nous atteignant. Alors se mêlent les voix intimes et publiques, l’amour et la politique.

Allez Voter 1’53
Les élections sont des pièges à sons. La preuve.

Homélie au souffle 1’15
« Que tout souffle loue le Seigneur ». Sentir le souffle du Verbe, celui organique de la vie malade, mêlés au notre par l’intermédiaire du tuyau d’un masque respiratoire.

Dormir accompagné 2’30
Confession amoureuse baroque, avec Rocco Siffredi
Confronter l’intime de la blessure amoureuse, avec le discours d’un professionnel de l’amour.

Eau chaude Eau froide 58’’
Dans ce Haiku de salle de bain, je demandais à l’eau pourquoi j’avais deux oreilles. Elle me répondait.

L’aspirateur 2’
Travail documentaire à partir d’une lettre réelle de démarchage.

Lipati Mairie 4’40

Travail documentaire à partir de la voix de synthèse proposée par le site de la ville de Paris pour les malvoyants.

Au piano, Dinu Lipati, grand pianiste roumain.

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